Thabo Mbeki, né le 18 juin 1942, est un homme d’État sud-africain, membre du Congrès national africain. Il succède à Nelson Mandela comme président de la république d’Afrique du Sud de 1999 à 2008. Dans ce discours prononcé à Cape Town le 8 mai 1996, Mbeki affirme sa fierté d’être africain, son amour pour le continent et ses espoirs. Extraits.
Je suis Africain. Je dois mon existence aux collines et aux vallées, aux montagnes et aux clairières, aux rivières, aux déserts, aux arbres, aux fleurs, aux mers et aux saisons en constante évolution qui définissent l’apparence de notre terre natale. (…)
Je sais ce que cela signifie lorsque la race et la couleur sont utilisées pour déterminer qui est humain et qui est sous-humain. (…) J’ai l’expérience de la situation dans laquelle la race et la couleur sont utilisées pour enrichir certains et appauvrir le reste. J’ai vu la corruption des esprits et des âmes découlant de la poursuite d’un effort ignoble pour perpétrer un véritable crime contre l’humanité. J’ai vu l’expression concrète du déni de la dignité d’un être humain émanant des actions oppressives et répressives conscientes, systémiques et systématiques d’autres êtres humains. (…) La constitution dont nous célébrons l’adoption constitue une déclaration sans équivoque que nous refusons d’accepter que notre africanité soit définie par notre race, notre couleur, notre genre ou nos origines historiques. C’est une affirmation ferme faite par nous-mêmes que l’Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, noirs et blancs. (…)
Je suis Africain. Je suis né des peuples du continent africain. La douleur du conflit violent que portent les peuples du Libéria, et de la Somalie, du Soudan, du Burundi et de l’Algérie est une douleur que je porte également. La sombre honte de la pauvreté, de la souffrance et de la dégradation humaine de mon continent est un fléau que nous partageons. L’influence néfaste sur notre bonheur qui en découle, ainsi que notre dérive vers la périphérie de l’ordonnance des affaires humaines nous abandonnent dans une obscurité persistante de désespoir.
Je suis Africain. Je suis né des peuples du continent africain
C’est une route féroce que nul ne devrait être condamné à prendre. Cette chose que nous avons faite aujourd’hui, dans ce petit coin d’un grand continent qui a contribué si décisivement à l’évolution de l’humanité, dit que l’Afrique réaffirme qu’elle continue à renaître de ses cendres. Quels que soient les revers du moment, rien ne peut nous arrêter maintenant ! Quelles que soient les difficultés, l’Afrique sera en paix !
Aussi improbable que cela puisse sembler aux sceptiques, l’Afrique prospérera ! Qui que nous soyons, quels que soient nos intérêts immédiats, qu’importe les bagages que nous trainons de notre passé et combien nous sommes prisonniers du cynisme et de la perte de foi dans la capacité des peuples, ne nous laissons pas berner et proclamons aujourd’hui que rien ne peut nous arrêter maintenant !