« L’art de Frida Kahlo est un ruban autour d’une bombe » disait André Breton. La philosophie de l’artiste la plus influente du XXème siècle ? Viva la Vida !
La vie débute difficilement pour Frida Kahlo, née le 6 juillet 1907 dans la « Casa Azul » -la maison bleue- à Coyoacàn au Mexique. Atteinte de poliomyélite dès l’âge de 6 ans, cette maladie lui laisse une jambe atrophiée. Fille de photographe juif allemand émigré et d’une Mexicaine, Frida Kahlo qui se rêvait médecin, voit sa vie basculer un jour de septembre 1925.
A 18 ans, la jeune fille est victime d’un accident d’autobus. Elle se retrouve transpercée par une barre de fer : colonne, bassin, jambe seront atteints. Ses onze fractures feront de son corps une souffrance à vie. Immobilisée durant de longs mois, son père lui offre une boîte de peinture et installe un miroir au-dessus de son lit.
Pour tromper l’ennui, Frida commence alors à peindre son autoportrait. Cet art devient son exutoire et donnera naissance à une œuvre singulière où vie et mort sont entrelacées. A chaque tableau Frida Kahlo parle de sa vie, de ses souffrances.
A chaque tableau Frida Kahlo parle de sa vie, de ses souffrances
En 1928, Frida montre ses peintures à Diego Rivera, grand muraliste de vingt ans son aîné, mondialement connu. De ses peintures, il dira qu’elles sont exceptionnelles. Le mariage de « la colombe et de l’éléphant » selon les mots du père de Frida, est prononcé en 1929. Ce couple légendaire traversera une vie faite d’infidélités, de querelles et de passion. Tumultueux, ils divorceront en 1939 pour se remarier l’année suivante.
En 1930, le couple s’envole vers San Francisco où Rivera est chargé de réaliser des peintures murales. Frida connaîtra deux fausses couches qui lui inspireront le tableau Henry Ford Hospital, un des plus durs autoportraits de l’artiste.
Juste avant de mourir elle écrira sur son dernier tableau « Viva la Vida »
Fervents communistes, ils accueillent ensemble Léon Trotski dans leur « maison bleue » en 1937. En automne 1938, Frida Kahlo présente ses œuvres, lors de sa première exposition individuelle à New York, où elle rencontre un franc succès. Admirée des surréalistes, elle s’envole l’année suivante à Paris pour une grande exposition consacrée au Mexique. Elle loge chez André Breton et rencontre les peintres Yves Tanguy, Picasso et Vassili Kandinsky. Cependant, la capitale ne trouve pas grâce à ses yeux et l’exposition lui déplaît. « Ils me disent surréaliste, mais je ne le suis pas. Je n’ai jamais peint de rêves mais ma propre réalité ».
En 1953, une exposition lui est enfin consacrée au Mexique. Interdite de se lever de son lit d’hôpital, suite à une énième opération de la colonne vertébrale, Frida se rend tout de même au vernissage. Quelques mois plus tard, sa santé se dégrade et sa jambe droite est amputée. Le 13 juillet 1954, elle succombe d’une pneumonie. Juste avant de mourir, elle écrit sur son dernier tableau en lettres capitales rouge « Viva la Vida » (Vive la Vie).
Devenue une icône, considérée comme l’une des plus grandes créatrices de l’avant-garde Mexicaine, Frida Kahlo a peint plus d’une centaine d’œuvres dont 55 autoportraits. Ses tableaux bouleversants de sincérité parlent du corps des femmes, de leurs conditions et du patriarcat oppressant. Grâce à sa force de caractère, elle a su extérioriser et transcender sa souffrance à travers ses autoportraits. « Ma peinture porte en elle le message de la douleur », affirmait-elle.
Photo : © Gisèle Freund/IMEC/Fonds MCC