Mama Africa, Miriam Makeba était une voix exceptionnelle, une voix à la beauté sans égal, un monument, un symbole pour tous les Africains. Miriam Makeba a connu l’exil, la souffrance et enfin la liberté de son peuple. Elle a envoûté des millions de personnes. Sa voix a retenti jusqu’aux Nations Unies. Elle s’est éteinte le 10 novembre 2008, victime d’une crise cardiaque. De son vrai prénom «Zenzi» (diminutif de Uzenzile), Miriam Makeba, connue dans le monde entier pour son tube, Pata Pata, était une figure de la lutte anti-apartheid.
« Pata, Pata » tube légendaire de Miriam Makeba
Née à Johannesburg le 4 mars 1932 d’une mère Swazi et d’un père Xhosa, elle fut d’abord la voix du groupe « the Manhattan Brothers », qu’elle accompagna en tournée aux Etats-Unis en 1959.
En 1956, elle écrit ce qui deviendra un tube légendaire : la chanson Pata, Pata. Sa renommée dépasse les frontières du continent africain. Trois ans plus tard, en 1959, un producteur de Broadway fait appel à elle pour tenir le rôle principal de « King Kong », une comédie musicale à succès basée sur la vie d’un grand boxeur. La même année, elle est la vedette d’un documentaire intitulé « Come back Africa » présenté dans le cadre du très prestigieux Festival du Cinéma de Venise. En 1965, elle est la première femme noire à obtenir un Grammy Award, partagé avec le chanteur Harry Belafonte pour leur disque commun, An evening with Harry Belafonte and Miriam Makeba.
La rencontre avec Harry Belafonte sera déterminante. Symbole des retrouvailles entre africains-américains et africains du continent, cette collaboration dépasse largement le simple cadre d’un travail artistique. Profitant de cette formidable occasion et des prises de conscience qu’elle engendre, Miriam Makeba multiplie les déclarations anti Apartheid.
En 1963, l’un de ses discours à l’Unesco met le feu aux poudres. Le gouvernement Sud Africain l’exile. Comme le dit joliment Miriam Makeba : « Je suis alors devenue citoyenne du monde ». Elle s’installe aux Etats-Unis où elle poursuit son combat sans trêve. Les vexations des autorités sud-africaines ne l’arrêteront pas, même si elles sont douloureuses. C’est ainsi que lorsque sa mère décède, la chanteuse n’obtiendra pas le simple droit d’assister aux obsèques.
Une figure de la lutte anti-apartheid
Aux Etats-Unis, Miriam Makeba se lie aux Black Panthers et épouse Stokely Carmichael, l’un des leaders du mouvement des droits civiques. Conséquence : le gouvernement américain déclare sa présence indésirable. L’année où elle réalise Pata, Pata, en tête de tous les hits parades dans le monde entier, elle est contrainte de s’exiler à nouveau. La Guinée l’accueille à bras ouverts. La chanteuse acquiert alors un statut que peu d’artistes ont jamais atteint. D’autant plus qu’inlassablement, elle continue à multiplier les déclarations pour dénoncer le racisme et l’oppression.
« Mama Africa » est un symbole pour tous les Africains
Discours aux Nations Unies, trophée de « La femme du siècle » décerné par le Bedford Styversant Comunity of New York, décorée par la France au titre de « Commandeur des Arts et Lettres »… Les récompenses et titres honorifiques ne cessent de saluer l’impressionnant travail que réalise Miriam Makeba pour dénoncer l’Apartheid.
Après 31 ans d’exil, Nelson Mandela finit par la persuader de revenir en Afrique du Sud en 1990. Deux années plus tard, elle fait une apparition dans le film Sarafina ! qui raconte les émeutes de Soweto en 1976. Il faudra attendre l’an 2000 pour que Miriam Makeba sorte un nouvel album. Ce sera Homeland, un disque contant sa joie d’être rentrée dans son pays. «J’ai conservé ma culture, j’ai conservé la musique de mes racines. Grâce à elle, je suis devenue cette voix et cette image de l’Afrique et de son peuple sans même en être consciente», écrira Miriam Makeba dans son autobiographie.
On l’avait surnommée « Mama Africa », une façon de s’incliner devant son autorité sur la culture du continent noir et, bien sûr, pour souligner ses convictions panafricanistes.