Chaque année, des hommes et des femmes quittent le Mali à la recherche de meilleures conditions de vie. La décision d’émigrer est essentiellement motivée par la pauvreté. En effet, la plupart des régions d’origines des migrants maliens est confronté à une pauvreté aiguë, accentuée par une raréfaction des ressources notamment financières. C’est cette situation qui incite nombre de jeunes à partir vers les pays riches à la recherche d’un emploi. L’objectif étant pour la plupart d’entre eux de subvenir aux besoins de leur famille restée au pays. L’émigration est donc souvent une question de survie économique.
Il faut néanmoins souligner que tous les migrants maliens ne proviennent pas des couches de populations les plus pauvres. Un certain nombre de migrants possèdent par exemple une formation supérieure. Ces pertes de compétences sont compensées par les rapatriements des salaires des migrants et leurs investissements dans leurs régions d’origine.
En effet, chaque année, les migrants maliens par la voie des transferts monétaires individuels ou par la mise en œuvre de projets individuels ou collectifs (cadre associatif), apportent une contribution essentielle à l’économie du Mali. Sans se substituer aux politiques de développement et à la coopération internationale, ces transferts de fonds apportent une contribution non négligeable à la lutte contre la pauvreté. Non seulement parce qu’ils sont affectés à des dépenses primaires (alimentation, logement, vêtements), mais aussi parce qu’ils génèrent à travers des projets de développement locaux et la création d’entreprises, des impacts positifs sur le long terme. Si l’impact de ces transferts sur le plan macro-économique est difficile à évaluer, ils demeurent une source significative de devises pour le Mali.
La majorité des migrants font également parti d’une association villageoise et/ou d’un groupe d’entraide. Se combinent au sein de ces structures, des motivations à la fois sociales – lutter contre la solitude, accueil de nouveaux arrivants, retrouver une ambiance familiale et communautaire – et financières à travers le financement de projets de développement et la mise en place de systèmes d’épargne de précaution. Bien qu’au départ les projets courants de ces associations de migrants étaient essentiellement centrés sur l’hydraulique, souterraine (puits) ou de surface (micro-barrages, mares), ils couvrent actuellement l’ensemble des domaines liés au développement : alphabétisation, santé, protection de l’environnement, banques céréalières, pistes de production et de désenclavement, boutiques villageoises, centre de santé, écoles…
Les migrants maliens ont déjà démontré qu’ils sont des acteurs et des interlocuteurs incontournables dans le processus de développement
De par leur connaissance du terrain, leur capacité de mobilisation des populations locales, leur capacité d’épargne et d’investissement aussi bien au niveau individuel qu’associatif, les migrants maliens ont déjà démontré qu’ils sont des acteurs et des interlocuteurs incontournables dans le processus de développement.
La mise en œuvre et la réussite de leurs projets demeurent cependant et souvent tributaires des facteurs multiples parmi lesquels la faisabilité technique des projets, l’accès limité aux crédits des migrants et les limites liées à l’environnement administratif.
Si migrants promoteurs de projets éprouvent parfois des difficultés à accéder à des informations d’ordre technique et économique, leur souci majeur reste l’accès au crédit. L’autre facteur de blocage est lié aux coûts élevés des transferts financiers. Celui-ci demeure un obstacle majeur à leur orientation vers les secteurs productifs. Cette réalité pousse nombre de migrants à utiliser des canaux informels pour contourner les tarifs élevés des circuits officiels.
Toutes ces difficultés auxquelles sont confrontés les porteurs de projets plaident pour le renforcement de politiques d’accompagnement des initiatives de migrants.