Le musée Maillol met à l’honneur le peintre congolais Chéri Samba jusqu’au 7 avril 2024. Une rétrospective inédite qui couvre près de cinquante ans de création de ce célèbre artiste contemporain.
Né en 1956 au Congo, Chéri Samba est le chef de file de la « peinture populaire » qui a émergé à Kinshasa dans les années 1970. Ses œuvres figuratives aux couleurs vives et colorées ont largement contribué à faire connaître ce mouvement informel. Peintre autodidacte, Chéri Samba a l’art de mêler avec habileté, ironie, caricature et provocation.
A l’âge de 16 ans, ce fils de forgeron et d’une agricultrice, rejoint Kinshasa pour travailler dans la publicité et pour des magazines de bandes dessinées. Très vite, il découvre la scène artistique congolaise et ouvre son propre atelier en 1975. Pour capter l’attention des passants, Chéri Samba ajoute du texte à ses tableaux. Pari réussi pour celui qui “aime que l’on prenne le temps de regarder et de contempler une œuvre.”
Chéri Samba ou le peintre-journaliste
En effet, l’artiste, qui se définit comme “peintre-journaliste”, revendique un art universel et engagé qui s’adresse au peuple. Une œuvre accessible à tous, à la fois vue et lue, qui parle du monde, de la vie quotidienne. C’est donc cette “griffe sambaïenne” qui interpelle, dénonce et questionne la conscience du spectateur. Délivrant des messages sur des thématiques politiques, économiques et culturelles, la carrière de Chéri Samba décolle dans les années 90.
Avec ses toiles à l’humour corrosives et faussement naïves, Samba se met régulièrement en scène dans des autoportraits. Critique sociale, racisme, évolution de la vie familiale, relations entre artiste, collectionneur et marchand… Rien n’échappe à l’œil avisé de l’artiste. Chéri Samba : “Je ne suis pas un monument national mais un monument du monde parce que mon travail n’est pas seulement destiné aux Congolais. Je suis un observateur du monde et mon œuvre s’adresse au monde entier même si les cultures diffèrent.”
Pour cette exposition monographique, on découvre le riche parcours d’un artiste singulier. Avec un parcours organisé par thématiques : l’autoportrait comme usage du monde, la femme multiple, Kinshasa, le Congo et l’Afrique, géopolitique, l’histoire de l’art revue et corrigée. L’ensemble des œuvres réunies pour l’occasion proviennent de la collection Jean Pigozzi, la plus importante collection d’art contemporain africain au monde.
Photo : Musée Maillol
CHERI SAMBA, DANS LA COLLECTION JEAN PIGOZZI
MUSEE MAILLOL – 61 Rue de Grenelle – 75007 Paris