Depuis 2015, le Mouvement HF propose les Journées du Matrimoine en écho aux Journées du Patrimoine. Cette année, près de 200 rendez-vous seront organisés dans toute la France pour mettre en lumière les femmes créatrices d’aujourd’hui. A cette occasion, Edith Vallée, docteure en psychologie, rend hommage à Caroline Rémy, dite Séverine, première femme journaliste française, féministe et libertaire, à vivre de sa plume. La pièce chantée “Séverine : une journaliste visionnaire” sera présentée le 16 et 17 septembre à Paris.
Quels étaient les combats de Caroline Remy, première journaliste professionnelle ?
Comment a-t-elle marqué son époque ?
Edith Vallée : Caroline Rémy, dite Séverine, s’est engagée dans un combat politique, féministe et “environnemental”.
Devenue anarchiste au contact de Jules Vallès, elle a plongé sa plume dans l’encre de l’extrême précision au service des plus démunis. Ses descriptions du travail dans les mines de charbon sont hallucinantes. Elle est la première en France à se rendre sur le terrain pour enquêter sur les conditions de travail des mineurs. Chaque fois qu’elle couvre un sujet, elle procède par une enquête de terrain.
Féministe, elle s’est opposée avec Marguerite Durand au sujet de la prostitution. Elle était abolitionniste. Elle a également lutté pour le droit à l’IVG. Suffragiste, elle sera en première ligne pour réclamer le droit de vote pour les femmes.
Enfin, elle avait une conscience aiguë de la nécessité d’établir une solidarité entre tous les vivants. Elle prendra notamment la défense des animaux qui n’avaient aucun droit ou aucune possibilité de conduire une grève ou une révolution.
Que souhaitez-vous transmettre avec la pièce “Séverine : une journaliste visionnaire” ?
J’ai voulu rendre compte de la complexité et de l’honnêteté de cette femme qui reconnaît ses erreurs. Elle ne croyait pas en l’innocence de Dreyfus quand l’affaire éclate. Et pourtant, elle le défend parce qu’humilié et malmené par ses supérieurs. Un présumé coupable a droit à la dignité. Ensuite, elle comprend son erreur de jugement et défendra la dignité de l’homme innocent, de même qu’elle l’avait défendue le croyant coupable.
Elle est visionnaire sur la capacité des femmes à défendre leur corps et leur être. Elle est également visionnaire sur le devenir de la terre. Elle est en même temps aveugle quelquefois. Cela la rend très attachante. Les grandes figures du matrimoine, pour extraordinaires qu’elles soient, sont aussi simplement humaines, comme les hommes d’ailleurs. Et sources d’inspiration.
Séverine est visionnaire sur la capacité des femmes à défendre leur corps et leur être
Cette pièce est un femmage aux journalistes. C’est grâce à elles que nous avançons à grands pas, grâce à elles que les mentalités évoluent, que les gens se posent des questions.
Pourquoi participer aux Journées du Matrimoine ?
Pour rencontrer des personnes du passé qui légitiment les créations, les pensées, les engagements des femmes contemporaines. Les femmes d’aujourd’hui ne sortent pas du néant ; elles prolongent les recherches et les combats précédents. L’histoire accroche chacune et chacun à un temps vivant. Elle oblige à entrer dans le devenir. Pour comprendre ce que veulent les femmes, il faut entendre leur passé gronder en elles.
SEVERINE : UNE JOURNALISTE VISIONNAIRE
SAMEDI A 14H30 / DIMANCHE A 17H30 / TEMPLE PROTESTANT, 18 BLVD ARAGO PARIS 13