Les violences économiques envers les femmes sera le thème de la quatrième “Journée nationale contre le sexisme“. Organisé ce lundi 25 janvier par le collectif “Ensemble contre le Sexisme”, cet évènement sera diffusé en ligne. Moïra Sauvage, co-présidente, évoque les enjeux de cette rencontre. Propos recueillis par Isabelle Zenatti.
Quelle est la mission et la genèse du collectif “Ensemble Contre le Sexisme” ?
Moïra Sauvage : Lancé en 2016 à l’occasion de la campagne « Sexisme, Pas Notre Genre », ce collectif, rassemblé autour du slogan « Ensemble contre le Sexisme » regroupe plus d’une trentaine d’associations, d’instances en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes, de réseaux de femmes et d’hommes d’entreprises, engagée.e.s pour la mixité, toutes et tous mobilisé.e.s pour lutter contre les agissements, les discriminations et violences sexistes dans tous les secteurs. C’est-à-dire aussi bien dans la sphère privée que professionnelle : éducation, culture, sport, égalité professionnelle, communication, numérique, droits sexuels et reproductifs, santé, violences faites aux femmes.
L’enjeu est de rendre visible et identifiable, par toutes et tous, le sexisme et de proposer des actions pour lutter contre ce fléau, source principale des inégalités entre les femmes et les hommes. Nos actions sont donc diverses dans ce combat.
Notre philosophie : mettre en exergue les différentes facettes du sexisme et sensibiliser le grand public
Nous menons une campagne nationale contre le sexisme autour du slogan « Le sexisme tue » (la parole, le désir, l’innovation, le talent, la confiance en soi et l’avenir…). Depuis quatre ans, nous organisons le 25 janvier, une journée dédiée à lutter contre le sexisme sur tout le territoire afin de construire le « Monde d’après» plus égalitaire, sans sexisme. Nous faisons entendre notre voix auprès des autorités pour porter nos préconisations parmi lesquelles l’inscription d’une « Journée nationale contre le sexisme ».
Notre philosophie est de mettre en exergue les différentes facettes du sexisme, de sensibiliser le grand public en le faisant réagir et en agissant ; enfin, de mettre en place des actions concrètes pour lutter contre le sexisme dans notre société.
En quoi consiste la “Journée nationale contre le sexisme” ? Pourquoi la dédier cette année aux violences économiques envers les femmes ?
Le sexisme est un mal protéiforme qui s’immisce partout dans la société et creuse les inégalités et les violences subies par les femmes aussi bien dans le domaine institutionnel que professionnel et privé. Elles génèrent des violences tant physiques, psychologiques, qu’économiques. Notre combat est d’aller toujours plus loin dans la lutte contre le sexisme. La journée contre le sexisme y contribue car c’est un tremplin de réflexion dans lequel nous faisons intervenir des spécialistes dans leurs différents domaines pour avoir une cartographie précise de la situation.
Les violences économiques sont insidieuses et tout aussi terribles pour les femmes
Il nous a semblé pertinent et légitime de créer cette journée nationale contre le sexisme, pour mettre en lumière des problèmes de société ayant trait au sexisme. A travers les actions que nous menons tout au long de l’année et à travers notre expérience du terrain, nous apportons une réflexion sociologique et sociétale, pointons du doigt les problèmes et proposons des solutions concrètes d’actions fédératrices. Cette année, nous en débattrons, avec Elisabeth Moreno, Ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, qui nous apporte son soutien dans cette démarche.
On parle beaucoup des violences physiques, pourtant les violences économiques sont insidieuses et tout aussi terribles pour les femmes, parler d’argent reste tabou. Si le terme de « violences économiques » désigne principalement le système d’emprise et de domination de l’homme dans la sphère privée, c’est-à-dire au sein du foyer en matière économique, privant les femmes de toute autonomie financière, le collectif a également souhaité élargir à deux autres sphères professionnelle et institutionnelle, prenant comme fil conducteur le sexisme.
N’oublions pas qu’en France, jusqu’en 1956, les femmes devaient demander l’autorisation de leurs époux pour ouvrir un compte et exercer une profession. C’est dire qu’il y avait du chemin à parcourir et qu’il y en a encore !
La lutte contre le sexisme, terroir de toutes les inégalités
La journée du 25 janvier s’attachera à développer trois séquences, dans la sphère publique tout d’abord : la distribution de l’argent public à l’heure de la crise sanitaire, dans la sphère professionnelle nous nous interrogerons sur l’argent pour les femmes et pour quels métiers ? Dans la sphère privée, nous montrerons combien parler d’argent est nécessaire pour les femmes.
Quelles réalités souhaiteriez-vous mettre en lumière à travers cette thématique ?
Nous constatons tous les jours que la crise a creusé les inégalités et renforcé les violences économiques subies par les femmes. Il est essentiel de se rassembler et d’unir nos forces autour d’une cause commune : la lutte contre le sexisme, terroir de toutes les inégalités.
C’est pourquoi nous parlons de « sororité » pour évoquer la solidarité entre les femmes, la force des réseaux et de l’intelligence collective au service des droits des femmes et de la mixité. Nous sommes convaincues qu’en mettant en lumière ces problèmes d’inégalités entre les femmes et les hommes, nous éveillerons les consciences et ainsi nous avancerons dans notre combat.
Quelles sont vos préconisations pour une meilleure protection et prise en charge des victimes ?
Nous ferons des propositions concrètes pour chaque sphère. Par exemple : reconnaître et chiffrer l’incidence et l’impact de la violence sexiste, réduire les inégalités entre les hommes et les femmes. Dans le domaine professionnel, publier un indicateur sur le sexisme. Dans le domaine privé : réviser la fiscalité, qui trop souvent met la femme en difficulté ou aménager des temps de vie prise en compte des horaires des métiers difficiles, et des difficultés des familles monoparentales, à 85% dirigées par les femmes.
Ce sont là quelques-unes des propositions, il y en a d’autres. Cette année, la journée nationale contre le sexisme se déroulera en visio-conférence de 15h à 17h30. Pour la suivre, il suffit de s’inscrire au moyen de ce lien.
Photo : Moïra Sauvage – Co-présidente du collectif “Ensemble Contre le Sexisme“.