Le Musée d’Art Moderne de Paris présente la première exposition monographique de l’artiste Otobong Nkanga.
Née à Kano au Nigeria en 1974, Otobong Nkanga est une plasticienne et performeuse basée à Anvers en Belgique. Après des études d’art au Nigeria, puis à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Paris, elle obtient en 2008 un master en arts du spectacle à Amsterdam. Elle est considérée aujourd’hui comme l’une des artistes contemporaines les plus importantes et reconnues du moment.
Selon ses propres mots, Otobong Nkanga utilise sa voix et son corps comme véhicule de ses idées, à travers des performances ou des vidéos, pour devenir la protagoniste de son propre travail. Ainsi, son œuvre déploie diverses formes artistiques, parmi lesquelles figurent des dessins, des performances, des sculptures, des tapisseries et autres médiums. Elle aborde des thèmes liés à l’écologie, aux relations entre le corps et le territoire, créant des œuvres d’une grande force et d’une grande plasticité.
Nkanga : « Je pense la Terre comme un être, comme notre corps »
Nkanga développe un questionnement sur la notion d’exploitation du sol tout autant que sur celle du corps. Elle examine les relations sociales, politiques, historiques et économiques à l’œuvre dans notre rapport au territoire, aux matériaux et à la nature. Pour l’artiste tout est lié : la terre, le corps, la culture, la langue. Elle s’interroge, par exemple, sur la manière dont une exploitation minière ou une culture fruitière peuvent bouleverser un environnement paysager et humain.
La matière est le cœur battant de son œuvre. Minéraux, textiles, plantes, eau, métal, céramique, verre, savon : autant d’éléments puisés dans la nature, parfois exploités jusqu’à leur épuisement. Elle les expose dans leur état brut, mais aussi dans leur transformation — métal rouillé, tissu effiloché, savon usé — comme autant de marques du temps. Ces altérations sont des révélateurs qui témoignent de deux principes : celui de l’usure et de la transformation. L’usure nous rappelle que nous sommes périssables ; la métamorphose, en révélant de nouvelles formes, nous redonne du pouvoir et de la vie. Nkanga nous suggère que tout ce qui s’abîme peut donc aussi se réinventer.
« Je pense la Terre comme un être, comme notre corps : l’eau, l’air, l’arbre, la pierre, la plante sont des êtres comme notre corps », souligne-t-elle. Tout en questionnant la mémoire, Otobong Nkanga offre la vision d’un avenir possible.
Photo : « Unearthed Sunlight » – © Musea Brugge
OTOBONG NKANGA – I DREAMT OF YOU IN COLOURS
musee d’art moderne de paris – 11 Avenue du Président Wilson 75116 Paris