Edmonde Charles-Roux : les cinq livres à lire

Sa vie fut romanesque : résistante, femme libre et indépendante, romancière, papesse de la mode… Panorama des livres à lire de la femme de lettres, Edmonde Charles-Roux.

Issue de la haute bourgeoisie, Edmonde Charles-Roux, fille de diplomate, est née le 7 avril 1920 à Neuilly-sur-Seine. Elle passe son enfance dans les palais, à Rome puis à Prague, entourée d’artistes et d’intellectuels. Promise à une vie bien rangée, elle s’engage durant la seconde guerre mondiale comme infirmière-ambulancière, avant de rejoindre la résistance. Décorée de la Croix de guerre, elle est faite chevalier de la Légion d’honneur en 1945.

A la libération, elle devient journaliste durant deux ans pour le magazine « Elle ». En 1948, Edmonde Charles-Roux anime une rubrique « La Vie à Paris » pour le célèbre mensuel « Vogue ». Elle devient rédactrice en chef du magazine en 1954 et réinvente les codes féminins, conciliant à la fois haute couture et littérature.

Toujours en avance sur son époque, son approche anticonformiste révèle les plus grands artistes de l’époque : Christian Dior, William Klein, Guy Bourdin, Cartier-Bresson, Irving Penn… Ses amitiés et ses prises de position idéologiques déplairont au magazine américain. Après douze ans de direction, Edmonde sera licenciée pour avoir mis une femme noire en couverture. Elle entrera alors en littérature dès 1966 et ne cessera d’écrire. En 1973, elle épouse Gaston Defferre, maire socialiste de Marseille et futur ministre.

Amie, muse et protectrice des plus grands artistes et intellectuels de l’époque, elle entre à l’Académie Goncourt en 1983 qu’elle présidera de 2002 à 2014. Edmonde Charles-Roux s’éteint le 20 janvier 2016 à l’âge de 95 ans.

Oublier Palerme (1966)

Prix Goncourt en 1966, son premier roman raconte l’histoire de deux femmes travaillant dans la presse féminine à New York. Gianna Meri, d’origine sicilienne, est rédactrice au magazine « Fair », tout comme son amie Babs. Mais Gianna perdue, peine à se couper de son passé palermitain… Le récit traite de l’exil sicilien et de l’histoire de deux mondes. François Nourissier, de l’académie Goncourt : « D’un côté, Palerme, la Sicile de la poussière, de l’étouffement, de l’honneur, de la misère, des passions gratuites et violentes, de la mer… De l’autre, n’importe laquelle de nos métropoles de commerce, d’argent, avec leur façon de briser les vies par la hâte, la férocité… « 

L’Irrégulière ou mon itinéraire Chanel (1974)

Résultat d’une longue enquête minutieuse et de rencontres, le livre nous dévoile l’intimité et les secrets de Gabrielle Chanel. Dressant un portrait d’une « dame de fer », cachant obstinément son passé ombrageux et ses origines modestes, la couturière est aux yeux de son auteure, une « irrégulière », une femme que l’on épouse pas. Avec l’histoire de Coco Chanel, Edmonde Charles-Roux trace la chronique de soixante-dix années du XXe siècle. L’ouvrage demeure la biographie de référence sur la célèbre couturière.

Stèle pour un bâtard (1980)

Avec ce roman d’aventure, Edmonde Charles-Roux ressuscite Don Juan d’Autriche, le bâtard de Charles Quint, personnage aussi extraordinaire que méconnu. Elle documente ce personnage qui remporta à vingt-six ans, sur les Turcs, une des plus grandes batailles de l’histoire et qui fut le premier chevalier de la chrétienté. Traversé de scènes saisissantes, le roman ressuscite une époque, ses fastes, sa violence et ses mystères.

Isabelle du désert (2003)

Que savait-on, jusqu’à ce livre, de cette jeune femme d’origine russe, née en 1877, morte en 1904, qui décida de se convertir à l’islam et de rompre avec les mœurs de son temps ? Dans cette monumentale biographie, Edmonde Charles-Roux rend hommage à l’écrivaine et aventurière suisse Isabelle Eberhardt. Composé de deux volumes, Un désir d‘Orient (1989) et Nomade, j’étais (1995), l’ouvrage  recompose l’itinéraire de cette jeune femme éprit de liberté. Le lecteur suit l’héroïne depuis sa naissance jusqu’à l’instant où Isabelle accepte d’assumer le  » désir d’Orient  » qui la hante, et de rencontrer par la suite, une mort tragique.

L’Homme de Marseille (2003)

C’est en 1966 qu’Edmonde Charles-Roux rencontre Gaston Defferre. Elle resta aux côtés de son mari jusqu’à la mort de celui-ci, en mai 1986. Avec ce « récit-photos »elle raconte le destin de l’homme qu’elle aimait : avocat, résistant, politique…

Photo : © 16 novembre 1966 – Edmonde Charles-Roux/ AFP / UPI