Anthropologue et réalisateur, Francesco Sincich nous parle de son nouveau projet au Niger : construire une école à Banganà, région habitée par les Wodaabe, les éleveurs nomades. A cet effet, un financement participatif est lancé sur la plateforme Produzionidalbasso.
Depuis octobre 2011 Banganà, un petit village Wodaabe niché au cœur du Niger, a une école primaire. L’école compte aujourd’hui 59 élèves, soit trois fois plus qu’à ses débuts ! Elle accueille en majorité des jeunes filles très assidues.
Banganà n’est pas un village comme les autres. Ici, il n’y a pas de maisons. Les familles vivent en plein air et l’école est la seule construction visible. En fait les Wodaabe sont des éleveurs nomades de zébus. Pendant la saison des pluies, ils se déplacent avec leurs troupeaux à des centaines de kilomètres plus au nord, où se trouvent les pâturages, pour leurs bétails. Durant la saison sèche, qui correspond à la période scolaire qui s’étale d’octobre à juin, ils restent à Banganà grâce à la construction d’un puits en capacité d’assurer leurs besoins vitaux en eau.
L’école de Banganà, laïque, plébiscitée par le village, avec un programme d’étude gouvernemental, est fréquentée par la quasi-totalité des enfants du village et des environs. Pour les parents, l’école est l’unique moyen d’accéder à l’éducation de base : savoir lire, écrire et compter. Les familles fondent beaucoup d’espoir dans l’école. Grâce à l’éducation reçue peut-être les enfants iront-ils un jour à Niamey, la capitale, et auront des postes et métiers importants pour eux et leur peuple.
Une école en briques
En 2011, deux associations italiennes ont soutenu l’initiative de construction et de lancement de l’école dans le village. Puis en 2015, après une mission d’inspection du gouvernement, celle-ci est devenue publique.
Ainsi à ses débuts, l’école était un petit hangar en bois et tiges de mil. Mais grâce à un financement, nous avons réussi à construire un petit bâtiment en briques de boue. Malheureusement, les pluies dans cette région sont très fortes et chaque année il y a des réparations à faire. En plus, les élèves, désormais plus nombreux, sont répartis en cinq classes. Aujourd’hui Banganà a besoin d’une école avec au moins deux salles pour permettre aux élèves d’apprendre convenablement et permettre également à l’enseignant de travailler dans des conditions acceptables.
Par ailleurs, si nous arrivons à financer ce nouveau bâtiment, cela obligera l’Inspectorat à nommer un deuxième enseignant et à équiper l’école de bancs.
Le financement participatif
Le budget prévisionnel pour réaliser ces travaux est de 3.000 €. Nous avons décidé de ne pas offrir de contrepartie à tous ceux qui participeront du projet mais par contre ceux-ci recevront – quand c’est possible – des mises à jour, des nouvelles, des images de la part des filles et des garçons qui fréquentent l’école. Deux élèves auront le rôle de transmettre les informations assez régulièrement.
Pour faire connaitre l’histoire de l’école, la vie de ses élèves et leurs rêves, nous avons fait deux films documentaires. En 2013, “Lokkol. (L’école) Alwasi et Aikije vont (aussi) à l’école” qui racontent la naissance de l’école, la vie des élèves et la culture et les traditions des Wodaabe.
En 2017, “Lokkol 2. Voyage à Niamey”. Tourné au Musée National et au Centre franco-nigérien Jean Rouch, le film raconte l’histoire du « voyage scolaire » de huit élèves de l’école à Niamey. Nous découvrons à travers le film, leurs réactions face à cette rencontre avec la ville, l’urbain, la nouveauté. Aikije, l’une des élèves les plus âgées, a participé au tournage du film et réalisé une partie des images du document.
Photos : ©Francesco Sincich