Pierre Soulages né le 24 décembre 1919 à Rodez, est le “Peintre du noir et de la lumière“. Il est une des figures majeures de l’art abstrait. En 1979, il invente l’Outrenoir, concept qui marque un tournant dans sa carrière et sa manière de faire.
Une enfance aveyronnaise
Très jeune, la nature abrupte de son enfance devient un sujet de fascination pour ce natif de l’Aveyron. Mais c’est à l’âge de douze ans que survient un émerveillement tout particulier. Soulages visite la nef de l’église abbatiale de Sainte-Foy de Conques. Bouleversé par l’architecture, il pensa que c’était “la seule chose qui vaille la peine d’y consacrer sa vie”. Soulages décide alors de devenir peintre.
Après la guerre, Pierre Soulages peut enfin se consacrer entièrement à la peinture. En 1946, il s’installe alors en banlieue parisienne. Ses toiles où le noir domine sont abstraites et sombres. Elles sont aussitôt remarquées tant elles diffèrent de la peinture demi-figurative et très colorée de l’après-guerre.
Par une nuit de janvier 1979, Soulages découvre le noir-lumière, le fameux Outrenoir
Soulages s’installe en 1948 dans un atelier dans le quartier de Montparnasse, rue Schoelcher. Il commence à exposer ses œuvres en France et en Europe. Il fréquente également des célèbres peintres de l’art abstrait comme Kupka, Domela ou Herbin, et devient l’ami de l’artiste peintre Pierrette Bloch.
Dans ces années-là, Soulages diversifie ses supports artistiques : il réalise ses premiers décors de ballets ou gravures à l’eau-forte. Il expose dans le monde entier, notamment à New York, Moscou, Saint-Pétersbourg, Londres, São Paulo ou encore Copenhague.
Soulages, un tracé libre et abstrait
Très solitaire, il atteint une abstraction personnelle en peignant sur papier au brou de noix, à l’essence, l’huile. “Les choses qui m’étaient fraternelles, la terre, le vieux bois, les pierres, le fer rouillé, toutes ces choses m’ont surement marqué. Je les ai toujours préférées aux matières pures et sans vie”, explique t’il.
Sa peinture aux motifs rectilignes forme une architecture dense et dramatique. Matière frustre, rugueuse, figurant terre, cailloux, arbres. L’essentiel de sa peinture puise dans les lignes, un déploiement horizontal, vertical, dans un rythme et jeu d’articulation de ces lignes. Des toiles qui se laissent emporter par l’élan créateur, l’émotion et la poésie. Des peintures qui ne laissent pas indifférent. Soulages : “J’ai toujours pensé que plus les moyens sont limités, plus l’expression est forte : cela explique peut-être le choix d’une palette restreinte”.
Outrenoir. Espace d’un dialogue entre ombre et lumière
Par une nuit de janvier 1979, il découvre le noir-lumière, le fameux Outrenoir. Soulages se focalise alors sur la couleur noire pour parvenir à une peinture exclusivement monochrome. Il explique que cette couleur exerce sur lui une attirance avec un caractère d’absolu. En effet, pour l’artiste, un seul pigment peut accueillir différentes lumières. Sa réflexion se fonde sur les états de surface du noir et de la lumière qu’elle propage. Reliefs, entailles, sillons dans la matière noire créent des jeux de lumière et de couleurs.
Musée Soulages
Aujourd’hui, Pierre Soulages est représenté dans plus de 110 musées sur tous les continents avec plus de 230 peintures. Il est le premier artiste vivant à exposer au prestigieux musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg. Il expose également au centre Georges-Pompidou en 1979 et au Musée Fabre, à Montpellier, les 20 tableaux dont il lui a fait le don. De 1987 à 1994, il réalise les 104 vitraux de l’abbatiale de Conques qui ont tant bercé son enfance.
Le Musée Soulages, construit à Rodez, comporte 514 pièces de l’artiste : un don fait à sa ville natale d’une valeur inestimable. Inauguré le 30 mai 2014, le musée rencontre depuis un très grand succès.
Photo : Pierre Soulages, Musée Fabre, Montpellier. Février 2007 © Pascal Parrot/abacapress.com