Sonita Alizadeh milite contre le mariage forcé des enfants en Afghanistan. Elle diffuse son message grâce au rap. Sa vie a inspiré un documentaire sorti en 2016.
Sonita Alizadeh naît à Herat en Afghanistan dans un pays terrorisé par les Talibans. À 10 ans, sa mère lui annonce son futur mariage. La même année, sa famille fuit l’Afghanistan et Sonita échappe de peu à sa tragique destinée. Alizadeh finit par se retrouver seule, réfugiée à Téhéran. Pour survivre, elle devient femme de ménage. Puis un jour, elle entend à la radio une chanson d’Eminem. Le déclic. D’une vie sans issue, clandestine, dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de chanter, Sonita Alizadeh fera du rap son unique moyen d’expression.
Sonita Alizadeh fera du rap son unique moyen d’expression
A 14 ans, une rencontre va changer sa vie. Rokhsareh Ghaem Maghami, cinéaste iranienne, décide de tourner un documentaire sur sa vie et son désir de devenir rappeuse. “Ce qui m’intéressait chez Sonita c’était qu’elle nourrissait beaucoup de rêves. Je ne voyais aucun avenir pour elle” raconte la cinéaste.
Entre-temps, la jeune fille promise en mariage pour 9 000 dollars par sa famille voit son futur s’assombrir. Sa mère arrive à Téhéran, pendant le tournage, pour ramener sa fille en Afghanistan. La réalisatrice décide d’intervenir et offre alors 2 000 dollars à la famille pour lui permettre de rester six mois de plus dans la capitale iranienne. Véritable salut pour la jeune fille qui se soustrait de son terrible destin. Profitant de ce sursis, elles tournent ensemble le clip Brides for Sale en 2014.
Mon but est d’en finir avec le mariage forcé des enfants
Aujourd’hui exilée aux Etats-Unis, devenue étudiante en musique à l’Université, la jeune femme est un symbole de la lutte contre le mariage forcé. Son avenir ? “Mon but est d’en finir avec le mariage forcé des enfants dans mon pays et ailleurs dans le monde, de travailler avec les organisations et d’autres personnes qui se battent pour cette cause.“
L’Unicef révèle que plus de 12 millions de fillettes dans le monde sont mariées de force chaque année. L’organisation estime que près de 40% des jeunes filles de moins de 18 ans sont victimes de mariages forcés en Afghanistan. De son côté, le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, dans son rapport daté de 2016, s’alarme de l’augmentation en Iran des mariages forcés de petites filles, parfois âgées de moins de 10 ans, avec des hommes beaucoup plus âgés. Le Comité se dit «gravement préoccupé» par la situation et dénonce la loi iranienne autorisant les relations sexuelles avec des fillettes dès l’âge de 9 ans.
Photo : Sonita Alizadeh