Brazzaville, Merengue, Conga, Pachanga, Congo ; Tchicaya, Tchicaya fils, U’tamsi nom de plume, au vent de l’histoire partageant à l’aube le destin de Lumumba Patrice, la vie augmentée de Poto-Poto à Bacongo, la lumière l’ampleur jusqu’aux étoiles ; Tchicaya, masque de bronze, rayon qui tourne et distingue, a dessiné sur la peau de la mer, ô cité haute en couleur, ton visage, de soleil en soleil, la rime mémoire vive habillée de flamboyants jusqu’aux courbes de la baie de Sao Salvador.
Bemba ; Lipanda, la désillusion de la fête annoncée ingurgitée jusqu’à la lie ; Bemba, Sylvain Bemba, les rêves chassés-croisés, col mao retroussons les manches, disant les choses quotidiennes de la coulée des eaux et des éclats du sang ; Bemba, principauté de l’esprit, le cœur long inventant la Congolie, dit ta joie d’être, ô Brazzaville, exhibant le meilleur de toi-même, l’eau dormante chauffée au feu de la dérision entre bas-côtés salés et lampes à pétrole à la dérive.
Sony Labou Tansi, langue fumant le verbe, la puissance éclatante de déchirures sans commune mesure
Labou Tansi, Sony Labou Tansi, était là ; là, les mots fétiches méli-mélo, le regard les yeux increvables gonflés de loques donnant à voir des souterrains ce qui ne se voit pas. Là, la respiration remuant sans vergogne les choses du ventre, là où les êtres bâclés s’ensauvagent jusqu’à terme, tranche par tranche, un œil sur la vie, l’autre sur l’autre rive ; là, la verve sans courbettes, l’imaginaire sans pompes, l’élocution sans camisoles sapant les berges du langage, se jouant du ramage des passions et des émotions pour qu’aucun visage de gloire ou de misère ne soit plus jamais englouti dans le vacarme de l’omission.
Brazzaville, chemins de ville, Bantous de la capitale, Rocka-mambo, kiri-kiri, chaque temps installé est-il ainsi, à la poupe et à la proue, mbiri-mbiri, répétition en miroir de la pulsation première ? Kwala-kwa, et quoi donc !, tout ce qui avance est-il, mawa, un coup de hanche à droite, un coup de hache à gauche, battement de cœur jeté aux dés, bras et grelots désaxés, kwasa-kwasa tournoyant emporté dans les flots, la contre-danse rocade circulaire ?
Franklin Boukaka, piano velours et guitares, douceurs fenêtres ouvertes aux petits bonheurs de la vie
Cité capitale, ville presque-songes, clairons bien au-delà de l’eau, Boukaka le bucheron mwana Congo, la polyphonie Lari-Vili, faste poésie Mongala, sève Mboshi Kiebé-kiebé, esprit Kikongo comme quelque chose qui aide à vivre l’existence et plus ; Boukaka, Franklin Boukaka, piano velours, guitares douceurs, fenêtres ouvertes aux petits bonheurs de la vie, déroulant, en désaccord aux révolutions muselières, la splendeur de la vie, yambi, yambi bana Congo. Boukaka, voyant du futur balançant au loin l’avenir sans lendemain en trois temps souvenirs de l’espérance jaillissant: la vie n’est pas qu’une valse ininterrompue de douleurs ; la vie est au milieu de la durée tourmentée, une succession de motifs de joies et d’accomplissements ; quelque soit la couleur du ciel, la vie est une offrande sans égale, prenez votre part au monde. Yambi, yambi bana Congo ya Matsoua.
Brazzaville ; Mounka, Pamelo Mounka, à l’orée du ciel, soukouss ambiance à gogo, traversée continentale, était là aussi. Là, mille mélodies, mille désirs balades lancinant cambrées au soleil revenu, l’élégance griffes découpées et retournées, nœuds papillon et solaires trompe-l’œil, le bonheur en fête au bout des reins arc-en-ciel pagnes multicolores chevauchant les frontières, l’énergie percussion foisonnante de fluide en félicité. De jour bleu ou de nuit profonde, sanglote ou ris, le corps ne ment pas ; au revers du bling et des masques de l’insouciance, il dit ce qu’il a à dire : à l’endroit, à l’envers, même quand tout va de travers, même par temps de poussières, même si nous avons tous le nez orienté vers le bas, insensé d’oublier de vivre le plaisir à pleurer l’ultime sommeil.
Brazzaville cité de ville, mbote na yo, pas besoin de raidir ton âme : au sourire de tes lèvres, la vie se partage
Brazzaville, Brazzaville, Conga, Congo, Merengue; dragée de lumière, ventre à l’air roulant des paupières, feuillages force du cosmos, un lit sans préavis à Makelélé ou à Ouanzi, bambous de Mayombé à Moungali ou à Madibou, terre du Tchad à Talangai ou à Mfilou, et, à chaque marée basse de saison lamentable de tranchées, au clair de la lucidité, l’orthographe le sourire exhibé, Zao, raison d’homme, bassin ancien combattant décalé récusant, de brise et de sol, l’ivresse de la poudre, ruine de l’âme : ô, Brazzaville cité de ville, mbote na yo, pas besoin de raidir ton âme : au sourire de tes lèvres, la vie se partage.
Conga, Congo, Merengue, Pachanga…
Au gré des courants bondissant, à la lisière de l’eau torride qui tombe debout, au décompte des jours entrelacés, salutations de la terre les yeux posés sur le disque aimé ou à l’heure de la lune minuit composé, Brazzaville n’est ni ceci ni cela, Brazzaville est ceci et cela.
Yeeeba!