Yacouba Sawadogo freine la progression du désert depuis 40 ans au Burkina Faso grâce à une technique ancestrale : le zaï.
A 200 km de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, se situe la forêt de Gourga qui s’étend sur 25km. Une zone aride, sèche ou à priori, rien ne pousse. Mais c’était sans compter la détermination de Yacouba Sawadogo, surnommé, “l’homme qui a arrêté le désert”. « À la fin des années 1960, des prédicateurs ont annoncé que nous serions confrontés à une sécheresse sans pareille dans notre localité. Face à ce malheur à venir, j’ai décidé de laisser tomber mon commerce de pièces détachées pour me lancer dans l’agriculture » confie-t-il.
En effet, depuis 1974, cet ancien commerçant s’est donné une mission, reverdir sa région, le Sahel, l’une des plus sèches au monde. C’est après une terrible famine provoquant exode et désertification, que Yacouba décide de s’attaquer à ce problème. Pour contrer la désertification, il remet au goût du jour une pratique ancestrale totalement oubliée : la méthode du zaï.
Le zaï, une technique sahélienne ancestrale
“Afin de comprendre comment la nature se régénère, j’ai sillonné deux ans durant les terres de mon village. Souvent à pied, souvent à cheval ». C’est au bout de ces deux ans de recherche que lui est venue l’idée du zaï. Cette technique, importée de la région des Dogons, permet d’améliorer la rétention de l’eau dans les sols.
Yacouba Sawadogo commence alors à travailler la terre, dure comme du béton, en pleine saison sèche, quand rien ne pousse. « Dès le début, j’étais convaincu que les terrains désertiques deviendraient un jour une forêt. Mais les villageois me traitaient de fou! ».
Des termites au secours du désert
Pour ce faire, il creuse des trous et les remplit de débris organiques. Ce procédé attire ainsi les termites qui creusent d’innombrables galeries retenant l’eau quand les pluies tombent. En plus de semer des plantes potagères, Sawadogo plante des arbres. Ainsi, en 40 ans, les arbres naissants ont attiré les oiseaux, qui à leur tour ont apporté des graines et ont donné d’autres arbres. Un cercle vertueux, que ce burkinabé a mis en pratique d’une façon remarquable.
Des années plus tard c’est une forêt d’une trentaine d’hectares qui fait barrage à l’avancée du désert. La forêt est devenue un véritable patrimoine écologique avec des rendements agricoles ont été multipliés par 2 voire 4 depuis quarante ans.
Sa méthode extraordinaire a depuis franchi les frontières et s’est implantée dans huit pays du sahel. Sa prochaine étape ? Développer la médecine douce et traditionnelle à partir de ses plantations.
A ceux qui pensent que la désertification est une fatalité, Yacouba Sawadogo prouve qu’avec détermination et intelligence tout devient possible.