La voix de Sona Jobarteh et la douce sonorité de sa kora envoûtent le public depuis la sortie de son premier album en 2011. Première femme à s’emparer d’un instrument que la tradition destine aux hommes, Sona Jobarteh revient avec « Badinyaa Kumoo », son second opus.
L’artiste gambienne est issue d’une prestigieuse dynastie de griots d’Afrique de l’Ouest : son grand-père, Amadu Bansang Jobarteh, est un grand maître de la Kora, et, Toumani Diabaté, le regretté musicien malien, son cousin. Déterminée à bousculer les règles informelles, Jobarteh demande à son père de lui enseigner la kora à l’âge de dix-sept ans rompant ainsi avec les conventions établies : les hommes étant appelés à jouer des instruments de musique et les femmes à se consacrer au chant.
Née en 1983 à Londres, Sona Jobarteh grandit entre la Gambie et le Royaume-Uni, où elle étudie dans de prestigieuses institutions. Elle se forme à la musique classique occidentale avant de comprendre, à la fin de l’adolescence, qu’elle trouvera sa voie auprès de la kora.
Sona Jobarteh bouscule les conventions
Réputée pour ses talents d’instrumentiste, sa douce voix et ses mélodies contagieuses, sa présence scénique touche des publics du monde entier, de tous horizons et de toutes cultures. Elle est aujourd’hui la première femme à s’imposer sur la scène internationale avec la Kora, cet instrument emblématique. En 2023, elle a été nommée Docteur honoris Clausa de la Berklee School of Music de Boston. Elle est aussi la fondatrice de la Gambian Academy, une institution dont l’objectif est de former les jeunes africains sur le continent.
Avec Badinyaa Kumoo, son dernier album, Jobarteh mélange harmonieusement l’héritage musical gambien avec le jazz, le blues et le R&B/soul. La musicienne a choisi d’inviter des artistes renommés, dont le chanteur sénégalais Youssou N’Dour, le maître malien de la kora Ballaké Sissoko et le saxophoniste américain Kirk Whalum.
Depuis ses débuts, Jobarteh a élargi ses compositions. Son premier album – qui signifie héritage paternel- plongeait dans la tradition, interprétant de nombreux classiques du répertoire griot ainsi que certaines de ses propres compositions. Mais avec « Badinyaa Kumoo », elle s’intéresse à des thèmes plus actuels, tels la guerre, le pardon, l’enfance, ou encore la condition des femmes.
« Badinyaa renvoie, selon Sona Jobarteh, à l’unité. Un mot en mandingue que j’emploie comme une métaphore de l’importance de la figure maternelle dans la culture mandingue et cette unité que la femme incarne, dans la famille comme dans la société. Puis, Kumoo veut dire “mot”. Le titre se réfère à un proverbe mandingue dont le sens rejoint le message de l’album : pour créer les changements que je souhaite dans la société, il faut plus que des mots, des actes. «
Photo : ©Rob Oconnor / Yale